Pour les historiens et les chercheurs en sciences religieuses, le secret étonnant du mariage de Jésus qu'annonce Dan Brown n'en est pas un.
L'hypothèse d'une relation intime entre Jésus et Marie-Madeleine remonte en effet à plusieurs siècles et la liste de livres publiés uniquement ces 20 dernières années, est considérable.
Cette idée vient en réalité de la pensée, véhiculée par certains mouvements ésotériques, que
Jésus ne pourrait être pleinement humain que s'il avait connu des relations sexuelles ou tout au moins une relation amoureuse avec une femme. Mais
aucune des premières sources chrétiennes ne fait mention d'un tel événement, ni les Evangiles, ni les écrits des premiers chrétiens.
Même les "autres évangiles" mentionnés par Dan Brown ne parlent pas de cette hypothèse (voir
Da Vinci Code : ce que disent les "autres" évangiles). Cette idée n'a donc aucun fondement historique.
Cela est de toute façon en
totale contradiction avec la mission et la nature de Jésus : Jésus ne s'est jamais présenté comme étant un homme comme les autres, (ayant donc des prétentions à un bonheur "terrestre" : un foyer, une maison, un métier), mais comme Dieu fait homme. Il est venu se révéler à nous, de façon visible, et s'est sacrifié à notre place pour nous apporter le salut en nous pardonnant nos péchés (voir : "
Jésus, homme ou Dieu ?").
A plusieurs reprises,
il a bien établi son identité et sa mission auprès de tous. Si certains trouvent des ambiguïtés dans les affirmations de Jésus, une chose est sûre, c'est que
ses ennemis ne les voyaient pas. Lorsque Jésus demanda aux chefs religieux ce qu'ils avaient contre lui, ils lui répliquèrent :
- Nous ne voulons pas te tuer pour une bonne action, mais parce que tu blasphèmes. Car, toi qui n'es qu'un homme,
tu te fais passer pour Dieu. (Evangile de Jean ch.10 v.33)
Il n'y a pas non plus de doute quant au fait que
les disciples et les premiers chrétiens ont considéré la
divinité du Christ comme un fait à la base de leur foi :
"Il est l'image du Dieu que nul ne voit... car c'est en lui qu'ont été créées toutes choses : dans les cieux comme sur la terre, les visibles, les invisibles, les Trônes et les Seigneuries, les Autorités, les Puissances. Oui, par lui et pour lui tout a été créé", écrit l'apôtre Paul (lettre aux Colossiens ch.1 v.15-16) (voir aussi : "
Les prophéties annonçant la venue de Jésus", "
comment expérimenter l'amour de Dieu").
Dans les Evangiles, on peut voir le
signe d'une relation affective entre Jésus et Marie-Madeleine (elle pleure à sa mort, elle se prosterne à ses pieds...). Cependant Jésus a le
même genre de relation avec n'importe lequel de ses disciples. A plusieurs reprises il manifeste un amour inconditionnel envers tous ceux qu'il croise et il exhorte ses disciples à aimer les autres comme lui le fait.
Pour
justifier son affirmation du mariage entre Jésus et Marie-Madeleine, Dan Brown dit qu'il était quasiment impossible, à l'époque, pour un homme de plus de 20 ans, de ne pas être marié. Il cite comme preuve ce que mentionnent les
Manuscrits de la Mer Morte. Mais il ignore visiblement ce que sont ces manuscrits car, d'une part ils ont été écrits deux cents ans avant J.C. et rapportent essentiellement des données relatives à l'
Ancien Testament, d'autre part ils proviennent de la bibliothèque d'un groupe d'
hommes célibataires, les
Esséniens, sorte de "moines" juifs !
Dans le
Da Vinci Code il est écrit aussi que dans l'
Evangile de Philippe (censé parler du mariage secret), le mot araméen "compagnon" (utilisé pour Jésus envers Marie), peut vouloir dire "époux". En fait, cet évangile apocryphe est en langue
copte et non pas en araméen. Ensuite, le mot, emprunté du grec, est "koinonos", qui désigne clairement
un ami ou un associé, et non pas un époux. Donc en réalité, le seul élément dans les textes qui pourrait soutenir cette idée, ne la soutient pas du tout. (voir
Da Vinci Code : ce que disent les "autres" évangiles)
Conclusion
Marie-Madeleine a été et est
considérée par certains comme une incarnation du Féminin Sacré, représentant d'une certaine manière la Déesse-Mère, dont le culte s'étendait au Moyen-Orient dans l'Antiquité. Au travers de mythes, de légendes et de symboles,
un conte romanesque s'est élaboré autour d'elle et s'est répandu en Europe. Cependant, tous
les adeptes de son culte et de son mariage secret avec Jésus reconnaissent qu'ils émettent des hypothèses et que les faits qu'ils invoquent ne reposent sur rien.
À l'issue de cette analyse, le
Da Vinci Code n'apparaît donc pas comme un roman historique. C'est une
fiction, un divertissement, jusque dans les allégations historiques qu'il avance.